Eco-concevoir en social media :est-ce une fin en soi ?

À l’ère de la responsabilisation de la communication, les impacts environnementaux et sociaux des supports et canaux sont au cœur des discussions. S’ils sont plutôt évidents à calculer pour un objet imprimé, ils sont plus complexes à appréhender pour un contenu sur les réseaux sociaux. Alors comment écoconcevoir en social media ? Et est-ce vraiment là où concentrer ses efforts pour avoir un impact positif ?

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1. Éco-concevoir sur les réseaux sociaux : pour quoi faire ?

S’intéresser à l’éco-conception de ses contenus sur les réseaux sociaux, c’est chercher une cohérence avec ses autres supports de communication : on sélectionne son papier et on privilégie des tournages à faible impact, alors pourquoi ne pas prêter autant d’attention à nos posts ?

Alors que la communication print est de plus en plus délaissée au profit du digital pour des raisons environnementales (et ce n’est pas toujours une bonne idée, mais c’est un autre sujet), le numérique se révèle ne pas être une solution aussi sobre qu’il n’y parait. Consommation d’énergie des centres de données, production des appareils, extraction de matières premières rares… Le numérique représente environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025. Les réseaux sociaux, dépendants des datacenter, participent directement à ces émissions.

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2. Peut-on réellement mesurer l’éco(socio)conception sur les réseaux sociaux ?

Aujourd’hui, l’impact d’un post sur les réseaux sociaux est essentiellement mesuré en fonction de la quantité de CO2eq émis. Des outils performants peuvent désormais faire ce calcul à notre place, c’est le cas du site français CarbonAd par exemple. Mais sans référentiel ou comparaison, il reste difficile de savoir si le résultat obtenu est satisfaisant ou non.

Et surtout : l’impact des réseaux sociaux ne se résume pas à la question des GES ! les enjeux principaux des réseaux sociaux sont ailleurs : éthique, respect des personnes et des droits, pluralité et véracité de l’information, protection des données…

Les plateformes restent en grande partie responsables de l’impact environnemental et social des contenus. Ce sont elles qui déterminent ce qui est promu et visible, influençant ainsi la consommation de ressources numériques et l’empreinte carbone associée. Elles ont alors la possibilité, voire la responsabilité, de concevoir des algorithmes plus efficaces et économes en énergie, favorisant des pratiques de développement web plus durables.

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3. Finalement, est-ce vraiment ce qui importe ? Et si la vraie question était celle du message ?

Sur les réseaux sociaux, l’attente d’exemplarité des messages n’a jamais été aussi pressante. Les comptes militants, comme « Pépite Sexiste » ou « Alerte Greenwashing », incarnent cette tendance, en mettant en avant les incohérences et les abus des marques et des médias dans leur communication en ligne. Ce que ces collectifs pointent du doigt, ce ne sont pas les émissions liées aux contenus, mais bien les messages et imaginaires qu’ils prônent.

Si la communication a souvent été pointée du doigt, […], c’est qu’elle a fait, des décennies durant, la promotion de comportements incompatibles avec les limites planétaires. Complice de nos excès, elle peut à l’inverse devenir un puissant allié, vecteur de changement. La communication façonne nos perceptions, infléchit nos conduites et modèle notre culture. Elle est bien plus qu’un simple outil promotionnel ; elle constitue un véritable catalyseur de transformation sociétale. Elle participe à l’élaboration de nouveaux récits, de nouveaux imaginaires plus durables, pour donner envie d’un modèle d’avenir.Tribune d’Ingrid Berthé & Marion Andro dans Les Échos.

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Et si finalement sur les réseaux sociaux, la fin justifiait les moyens ?

Prenons l’exemple du Zevent. Bien que l’impact environnemental d’un événement en ligne, tel qu’un live vidéo visionné par des millions de personnes pendant plusieurs heures, ne soit pas négligeable, il est important de considérer son impact global. En 2022, l’évènement caritatif, malgré l’empreinte carbone associée à ses diffusions sur Twitch, a réussi à générer plus de 10 millions d’euros de dons pour des associations œuvrant pour le climat.

Si nous n’avons pas de pouvoir sur l’impact direct d’un medium, il est possible de se servir de ce même medium pour faire bouger les choses. C’est ce qu’explique le vulgarisateur Thomas Wagner sur son média Bon Pote : “S’il faut acheter un iPhone et s’en servir pour dénoncer toutes les décisions politiques écocides des différents gouvernements, cela doit être fait, sans hésitation. S’il faut acheter un iPhone et se servir de Facebook pour dénoncer les abus de Facebook qui mènent au cyberharcèlement, qui met en avant les contenus de haine et qui est d’ores et déjà responsable de plusieurs morts, cela doit être fait. Sans hésitation.”

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4. Alors, concrètement, comment faire pour améliorer son impact social media en tant que communicant ?

D’abord, et surtout, en se formant à la communication responsable grâce aux guides mis à disposition par l’ADEME, en se faisant accompagner par des agences expertes en communication responsable, et en suivant les comptes militants cités plus haut, pour s’assurer de diffuser des messages à impacts positifs.

On peut également se fixer un budget carbone annuel à ne pas dépasser, en lien avec les objectifs de décarbonation de son entreprise : par exemple, en se fixant un maximum de posts publiés dans l’année correspondant à un niveau d’émissions CO2eq déterminé.

On se pose aussi la question des réseaux sociaux sur lesquels on souhaite être présent : est-ce que leurs gouvernances et leurs pratiques correspondent aux valeurs de mon entreprise ?

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Supprimer vos contenus “périmés” ! Évènements ou actualités passés, contenus non cohérents avec votre nouvelle ligne éditoriale, publications de plus d’un an qui n’ont pas fonctionné…

On reprend les mêmes et on recommence : un moyen de réduire significativement son impact reste de réutiliser des contenus existants pour éviter la production de nouveaux ! Les internautes ne retiennent pas tout ce que vous partagez, relancez cette vidéo qui a fonctionné il y a 6 mois pour accroitre votre visibilité sans avoir à repartir en tournage.

Enfin, misez sur du paid (sponsorisation) pour contourner l’algorithme et briser les bulles de filtre / chambres d’écho. C’est un bon moyen, par exemple, de toucher une cible qui n’est jamais confrontée à des sujets environnementaux dans ses fils d’actualités, pour ainsi la sensibiliser à ses enjeux.

Des questions ? Contactez-nous, on en discute !

Par Cloé Libeau, Responsable contenus digitaux ✒️

Nos expertises en communication corporate.